Le diable se cache dans les détails et les recruteurs adorent jouer à cache-cache. Si vous tapez sur Google : « réussir son entretien d’embauche », vous trouverez plus de 2 millions de sites avec des contenus plus ou moins pertinents. Les mêmes conseils reviennent inlassablement, mais si j’en crois mon expérience dans le recrutement depuis plus de 8 ans, ON NE VOUS DIT PAS TOUT.
1° On vous a dit : soigne la photo de ton CV, il faut qu’elle soit « professionnelle » tant au niveau de la tenue que de la posture, mais… On oublie de vous dire que le recruteur averti ne va pas résister à la tentation de vous voir « en milieu naturel » et ira FORCEMENT faire un tour sur Facebook. Il saura sans doute apprécier les compétences sociales que laissent entrevoir les clichés souvenirs de votre fête de diplôme, il sera ravi d’apprendre que votre curiosité vous a conduit sur les traces de Justin Bieber et que votre sens esthétique est tellement développé que vous changez de couleur d’ongle chaque semaine. Autant d’informations précieuses qui pourraient lui donner l’impression d’en savoir assez pour savoir qu’il ne souhaite pas en savoir plus…. Donc conseil n°1 : on évite les clichés compromettant sur son compte Facebook, Instagram, ou tout autre journal intime online. On limite l’accès de son compte à ses amis et on n’accepte pas comme nouvel ami un inconnu.
2° On vous a dit : il faut que ton CV soit à jour, sans faute d’orthographe. Il doit être facile à lire et contenir des informations, précises, et blablabla. On vous dit de mettre des loisirs pour personnaliser le tout. On ne vous dit pas que quelques fois une part de mystère est préférable… il n’est pas forcément utile de parler de votre passion dévorante pour les Simpsons ou pour les matchs de catch. Et si vous n’avez pas de loisirs particuliers, abstenez-vous de créer une rubrique fictive et, par pitié, évitez les éternels : musique, lecture, cuisine, famille… Donc conseil n° 2 : on ne parle de nos loisirs que s’ils disent quelque chose sur nos compétences/intérêts qui sont en rapport avec le poste.
3° On vous a dit : l’essentiel c’est d’attirer l’attention du recruteur et lui donner envie de vous rencontrer. On semble avoir oublié de vous dire que s’il veut vous rencontrer, il va chercher à vous contacter. Soit il le fera par mail et devra s’atteler à vérifier qu’il n’a pas oublié un « S » dans votre adresse misskiss69@ado.com. Soit il le fera par téléphone au risque de s’entendre dire « Tcho c’est Ludo, laisse pas de message mon forfait est mort, j’peux pas te rappeler ». Evidemment, vous serez un peu choqués par ces modes de communications archaïques (elle a pas What’s app la meuf ?) mais quoiqu’il en soit la personne qui vous contacte s’attendra à une réponse. On parle beaucoup des premières minutes de l’entretien qui seraient décisives, mais les premières impressions durables se forgent dès la prise de contact. Tout cela nous amène aux conseils n° 3 : on se crée une adresse e-mail neutre pour ses relations professionnels, on vérifie que son message de boîte vocale est adéquat, on évite de répondre à un numéro inconnu au saut du lit ou au milieu des transports publics, MAIS on rappelle dès que possible. Et si vous n’avez pas compris le nom de l’entreprise ou celui de votre interlocuteur, inutile de demander « vous êtes qui déjà, j’ai envoyé ma lettre un peu partout », demandez simplement qu’on vous confirme le RDV par mail et ainsi vous aurez toutes les informations.
4° On vous a dit ….Il faut être bien habillé et propre sur soi pour un entretien. On oublie de préciser qu’il vaut mieux utiliser ses propres vêtements. L’air déguisé du jeune garçon qui aurait emprunté le costume de son papa pour l’occasion, ce n’est pas le top. Surtout n’oubliez pas que si vous êtes engagés le recruteur va vous revoir … et ce serait pratique qu’il puisse vous reconnaître. Conseil n° 4 : on évite de se déguiser.
5° On vous a dit de poser des questions pour montrer votre intérêt. On ne vous a pas dit : que toutes les questions ne sont pas bonnes à poser. Celles qui font penser qu’on n’a pas lu l’annonce, qu’on n’a jamais entendu parler de l’entreprise, ou que l’on a rien écouté des informations données en introduction, celles-là, il FAUT les éviter. On oublie également d’aborder trop rapidement les questions de vacances ou de salaire, on pourrait vous soupçonner de ne pas travailler que pour le plaisir. On ne vous a pas dit non plus – ou alors vous n’avez pas écouté – de vous munir d’un bloc-notes pour noter les questions et SURTOUT leurs réponses. Je pense pouvoir compter sur les doigts d’une main le nombre de candidats qui se présente avec de quoi écrire à l’entretien. J’imagine, que comme moi, la plupart des recruteurs ont l’impression de fournir des informations utiles sur le poste et l’entreprise et cela peut être au mieux vexant, au pire éliminatoire de constater que le candidat ne note RIEN. Conseil n° 5 : on prépare des questions pertinentes et on prend quelques notes.
6° On vous a dit : ne t’avance pas trop au sujet du salaire, essaie d’éluder la question et de les laisser s’avancer en demandant « combien vous estimez que je vaux ? ». On ne vous a pas dit : les recruteurs y connaissent un rayon en matière d’entretien, ils en ont fait quelques-uns de plus que vous, donc les esquives ils connaissent. Leur rôle est de vous poser des questions et le vôtre, théoriquement, d’y répondre. On vous dit : triche un peu et donne ton salaire actuel gonflé de 20%. On oublie de vous préciser que les recruteurs connaissent AUSSI cette astuce et peuvent toujours dans le doute vous demander une fiche de salaire, et là, le petits 20% pourrait se transformer en un grand 100% recalé. Conseil n° 6 : on se renseigne sur les tabelles de salaires en vigueur pour le poste concerné, si on prend le risque de gonfler son salaire on se prépare à assumer.
7° Vous vous êtes dit : ça y est l’entretien est terminé, finalement, contrairement à ce qu’on dit, les RH ne sont pas si monstrueux. Vous avez oublié de penser que : ce n’est parce que le recruteur sort de son bureau qu’il n’est plus recruteur. J’ai souvent remarqué qu’une fois l’entretien terminé, les candidats, envahis d’un soudain soulagement se laissent aller à un étonnant relâchement sur le chemin menant à la porte d’entrée (ou de sortie en l’occurrence). C’est notre travail d’être agréable jusqu’au bout et de vous dire quelque chose de sympa pour meubler la descente d’escalier, mais on n’en est pas devenu un pote pour autant. Donc éviter les soudains élans de confidences du genre « j’ai vraiment postulé au hasard mais finalement ça n’a pas l’air si mal » ou « tant mieux ça n’a pas duré trop longtemps car j’ai menti à mon employeur actuel, je lui ai dit que j’étais chez le médecin ». Conseil n° 7 : on soigne AUSSI la conclusion et on se rappelle que l’entretien ne se termine qu’une fois qu’on est sorti du bâtiment (et encore certains recruteurs aiment bien regarder par la fenêtre).
8° On vous a dit : pour montrer ton intérêt pour le poste il faut écrire pour remercier de l’entretien et rappeler après quelques jours si tu n’as pas de nouvelles. On ne vous a pas dit que ça n’arrive jamais qu’une entreprise décide d’engager un collaborateur mais oublie de le lui signifier. Conseil n° 8 : on appelle avant d’avoir un entretien pour s’assurer que notre dossier n’a pas été égaré, noyé au fond d’une pile de dossier ou sous une flaque de café renversé. Mais si on n’a pas de nouvelles après un entretien, on ne croit pas notre maman qui dit que ça ne veut rien dire et on se fait gentiment une raison.